Notre littoral atlantique menacé par les éoliennes
On peut tout craindre de la puissance qu’ont, auprès des autorités politiques, les fabricants de ces aérogénérateurs pour qui la faune, la flore, le tourisme, l’élégance d’un paysage ne représentent probablement que des avatars financiers.
Par Floris de Bonneville, journaliste, ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma
Les éoliennes sont de belles mécaniques qui brassent sans doute plus de fric que de vent et profitent à de puissants lobbies. Leur rapport qualité-prix est très discutable. Le prix exorbitant de chaque éolienne ne sera remboursé qu’après des dizaines d’années ventées. Leurs énormes hélices produisent des infrasons que certains organismes humains ne supportent pas. Et si l’Europe impose une distance de 1.500 mètres entre l’éolienne et la première habitation, ce n’est sans doute pas que pour succomber à sa passion des réglementations tatillonnes. La France, elle, a réduit cette distance à 500 mètres.
On sait tout cela, et pourtant, ces éoliennes envahissent chaque jour davantage nos magnifiques paysages dont elle gâchent, à jamais, la vue et la tranquillité.
Dernier en date de partir en guerre contre ces ventilateurs géants, Philippe de Villiers, dont le Puy du Fou est menacé de l’implantation voisine d’un parc éolien. Si le projet du maire de la commune des Landes-Genusson voyait le jour, l’ancien président du conseil général de Vendée menace d’arrêter sa célèbre et magique Cinéscénie®. Il avait déjà fustigé, en 2016, l’imposture économique du parc éolien projeté entre les îles de Noirmoutier et d’Yeu, qui va défigurer le littoral. « Faut-il que les élus aient perdu la tête pour imposer de telles inepties ? » avait-il alors écrit aux îliens.
Mais le vent de folie éolienne souffle plus au sud du littoral atlantique : le long de l’estuaire de la Gironde, entre Royan et Blaye. Là, c’est un patrimoine naturel et culturel unique qui est menacé. L’une des réserves ornithologiques les plus emblématiques qui soient, établie sur une zone humide, où des millions d’oiseaux migrateurs viennent se reposer ou choisissent d’hiverner et de nidifier, profitant d’un climat exceptionnel. Et que veut-on imposer à ce peuple migrateur ? Cinquante éoliennes de 180 mètres de haut, qui découperaient en charpie passereaux, grues, cigognes, rapaces, bécasses, limicoles, canards, hirondelles.
En Allemagne, l’ornithologue Bernd Koop avait estimé la mortalité annuelle entre 60 et 100 000 oiseaux par gigawatt de capacité éolienne installée, ce qui, à l’échelle des 39 gigawatts produits par les Allemands, donne une mortalité de près de quatre millions d’oiseaux. Et cela, chaque année !
Alors, les élus, les protecteurs de la nature et Dominique Bussereau, président du conseil départemental de Charente-Maritime, partent en guerre contre ce projet aberrant à plusieurs titres. Eddie Puyjalon, président du CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions) et conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, a interpellé Alain Rousset, président de la région, sur ce sujet : « Aujourd’hui, le mercantilisme associé au jacobinisme parisien vient menacer cet équilibre naturel par idéologie. C’est une absurdité environnementale. »
On peut tout craindre de la puissance qu’ont, auprès des autorités politiques, les fabricants de ces aérogénérateurs pour qui la faune, la flore, le tourisme, l’élégance d’un paysage ne représentent probablement que des avatars financiers. Qu’en pense la Ligue de protection des oiseaux ? Nicolas Hulot peut-il encore avoir un mot à dire pour sauver ce monument de la biodiversité, rare s’il en est ?
Lorsque l’on sait que chaque éolienne rapporte aux communes, en général plutôt démunies, un revenu non négligeable, il faut un caractère indestructible pour résister aux offres alléchantes des industriels de cette nouvelle énergie qui rapporte si peu et détruit beaucoup…