Dernière mise à jour : 24 août 2023

Contrepoints 18 mai 2018 France

Nicolas Hulot, écologiste autoritaire

Sous des airs doucereux et consensuels, Nicolas Hulot veut imposer par la loi, via le Programme pluriannuel de l’énergie (PPE) un changement de société fondé sur la privation afin de développer coûte que coûte les éoliennes et les panneaux photovoltaïques.

Nicolas Hulot
Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire (thierry ehrmann CC BY 2.0)

Par Michel Gay

Michel Gay

Citoyen ordinaire, abonné EDF et contribuable, Michel Gay a été pilote de chasse dans une vie antérieure.
Il est l’auteur du livre « Vive le nucléaire heureux » et anime le site Internet www.vive-le-nucleaire-heureux.com.
Il a reçu en décembre 2016 le prix Yves Chelet décerné par la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN / PACA).

Sous des airs doucereux et consensuels, Nicolas Hulot veut imposer par la loi, via le Programme pluriannuel de l’énergie (PPE) un changement de société fondé sur la privation afin de développer coûte que coûte les éoliennes et les panneaux photovoltaïques.

Nicolas hulot a été un saltimbanque de talent, notamment dans ses émissions télévisées Ushuaïa, avant de devenir ministre par la grâce du Prince républicain élu en mai 2017. La politique a certainement ses raisons que la raison n’a pas.

Le saltimbanque est utile et même nécessaire à l’équilibre de l’esprit humain. Il contribue à faire rêver et à distraire pour rendre le monde moins rude.

Assemblée nationale le 22 février 2018

Mais l’édifiante séance de questions à l’Assemblée nationale consacrée à la stratégie de sortie du nucléaire du 22 février 2018 révèle un autre personnage, moins sympathique.

Selon Nicolas hulot, sa vision énergétique n’est pas absurde mais stratégique. La « nouvelle trajectoire » et les « objectifs » qu’il veut imposer par la loi (PPE) pour une production d’électricité fondée sur les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ne sont pas irréalistes mais « ambitieux ».

Lorsque certains députés lui posent des questions précises, il répond que « rien n’est décidé », que « les différents scénarios sont encore sur la table », que « nous ne comptons pas faire abstraction des débats citoyens ».

Mais dans le même temps, il montre sa volonté inébranlable d’inscrire dans la future PPE (avant fin 2018) le développement des sources d’énergies intermittentes, la réduction du nombre de réacteurs nucléaires, et leur non renouvellement (tant qu’il sera ministre de l’Écologie).

Il y a bien sûr quelques perles

Ainsi Nicolas Hulot ne dément pas madame la députée Sabine Hubin qui prend le problème à l’envers (pour mieux le cerner ?) en déclarant dans sa question que « c’est la dépendance du notre pays vis-à-vis du nucléaire qui empêche l’émergence d’un pôle d’énergies renouvelables ».

Ne serait-ce pas plutôt son incapacité à produire une énergie fiable et bon marché ?

Et notre pays ne dépend pas du nucléaire, il en vit grâce à ses remarquables qualités depuis 40 ans.

Sauter sans parachute ?

Après avoir reconnu que :

Les conséquences sociales de cette transition sont immenses ; or, si nous agissons brutalement, la transition énergétique échouera.

Nicolas Hulot affirme :

il faudra maintenir la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité. Arrivés là, nous aurons peut-être démontré qu’il est possible d’aller plus loin ; nous aurons peut-être, à l’inverse, démontré qu’il faut prendre un peu plus de temps.

Faut-il comprendre que les énergies intermittentes (éoliennes et photovoltaïques) n’ayant pas encore démontré leur capacité à répondre aux besoins de la Nation (et c’est même l’inverse en Allemagne), il faudrait prier pour qu’elles puissent le faire pendant que la puissance nucléaire disponible diminue vers 50 % ?

Sauteriez-vous d’un avion sans parachute en espérant pouvoir le fabriquer avant d’arriver au sol ?

En clair, courons ensemble vers la catastrophe puis nous verrons à l’échéance si c’est idiot !

Le débat sur la PPE ne sera pas confisqué par les experts ; nous y associerons les citoyens.

Bravo ! (applaudissements sur les bancs de l’Assemblée).

Mais à quoi sert-il d’organiser un débat public sur la PPE si les conclusions sont déjà dictées par le Ministre ?

Tout cela ne serait-il qu’un « outil de communication » comme le déclare en séance le Député Raphaël Schellenberger à propos de la mise en place par Sébastien Lecornu d’un comité de pilotage sur la fermeture de la centrale de Fessenheim ?

Chassez les importuns !

Quant aux oppositions locales et aux problèmes réglementaires qui freinent le développement des énergies renouvelables, Nicolas Hulot est « en train d’y mettre bon ordre ».

Les citoyens qui ne sont pas d’accord sont priés de circuler, et les vilaines entraves de la loi (qui ne doivent pas s’appliquer aux EnR) seront aplanies.

Enfin, Nicolas Hulot a sans doute mal compris les rapports de la Cour des comptes puisqu’il déclare :

L’argument économique ne vaut plus et la démonstration a été faite que les énergies renouvelables peuvent à tout le moins équilibrer, et sans doute concurrencer, l’énergie nucléaire.

Il faut à tout le moins un sacré culot pour affirmer une telle contre-vérité. La Cour des comptes a écrit le contraire mais peut-être a-t-il mieux entendu Staline qui se plaisait à dire « Désinformez ! Désinformez ! Il en restera toujours quelque chose… »

Nicolas Hulot révèle aussi aux Français la raison « philosophique » pour laquelle il est viscéralement antinucléaire, au-delà des arguments économiques et rationnels :

Je ne vais pas me priver ici d’afficher ma réserve à l’égard de cette filière. À quoi tient-elle ? Pour moi, si une société prend un risque et commet une erreur, elle doit être capable de contenir les conséquences de ce risque dans le temps et dans l’espace – c’est là selon moi un indice de civilisation. Or, malheureusement, les expériences de Fukushima et de Tchernobyl nous montrent que nos sociétés ne sont pas en mesure de contenir dans le temps et dans l’espace les conséquences du risque. C’est un vrai problème philosophique qui justifie ma réserve, au-delà des arguments économiques.

En mettant de côté sa mauvaise appréciation partisane des conséquences des deux accidents cités, le risque de chaos économique et social qui résultera de sa « vision stratégique » ne semble pas le déranger.

Dans chaque politicien en charge de l’intérêt général peut sommeiller un poète. Mais il y a un temps pour tout, et il est malsain de mélanger les deux dans la réalité du combat, même politique.

Le saltimbanque a le droit de devenir ministre comme tout citoyen. Mais, il serait sain et responsable pour le ministre de ne pas perdre de vue la réalité du monde physique, même si elle peut inclure une part de rêve…

Mais lorsque ce dernier devient prédominant et se transforme en dogme en voulant imposer la fermeture de centrales nucléaires en parfait état de fonctionnement sans tenir compte des lourdes conséquences économiques et sociales de cette décision, alors il peut conduire au cauchemar.

Sous sa vision écologique « ambitieuse » et idéaliste, Nicolas Hulot, comme dans la chanson de Jacques Dutronc, « a l’air sympa et attirant, mais, mais, mais… méfiez-vous », c’est un idéologue apprenti dictateur !