Dix éoliennes doivent se monter à Feyt, en Haute-Corrèze. Claudie, qui y habite, pense qu'il y a des risques pour sa santé, sans compter les nuisances sonores.
La Montagne 20 janvier 2015
Corrèze
En quittant la Charente, en 2012, pour s'installer à Feyt, région d'origine de son mari, Claudie Boyer ne s'attendait certainement pas à cela. Leur nouvelle maison est cernée par les projets d'implantation d'éoliennes, une énergie renouvelable qu'ils connaissent bien puisqu'ils l'ont fui dans leur ancienne région.
« On habitait près d'Angoulême avec quatre éoliennes de 2 Mégawatts à deux kilomètres de notre village, explique Claudie Boyer. La nuit, le bruit était infernal, on avait l'impression d'être à côté de l'autoroute. J'ai commencé à avoir des maux de tête et la situation devenait compliquée pour nous. On a vendu la maison et on a acheté à Feyt où on s'est installé en juin 2012. »
Lors des dernières municipales, Claudie Boyer fait campagne sur la liste du maire sortant qui l'emporte. Désormais conseillère municipale, elle apprend le projet d'implantation lancé en 2012 de quatre éoliennes à Feyt et six à Laroche-près-Feyt pour une puissance totale de près de 30 MW. Fin 2013, les deux Conseils municipaux des mandatures précédentes votaient en effet pour le projet d'implantation d'éoliennes. Une étude est actuellement en cours pour laquelle la société Phoebus Energy a déjà contacté des propriétaires et aurait obtenu quelques promesses de signatures de baux. De quoi étonner Claudie Boyer, son mari, Aurélien Chevallier (un autre conseiller de Feyt) et d'autres habitants ralliés à la cause.
Une association s'oppose
« Ce n'est pas que nous sommes contre les énergies renouvelables, bien au contraire, précise Claudie Boyer. Nous avons installé des panneaux photovoltaïques sur le toît… Mais les éoliennes ne seront pas rentables. D'autres solutions, à plus petite échelle et qui ne dénatureront pas nos paysages, sont à étudier. Qu'on nous laisse tranquille avec ces projets industriels d'éoliennes. »
Les deux conseillers municipaux ont donc commencé, l'an dernier, à réunir des documents sur l'impact des éoliennes, des études sur la santé… et ont écrit au Préfet qui a répondu qu'une étude d'impact sur l'environnement avait été demandée. D'autant que le projet d'implantation se situe en zone humide et que l'espace aérien est aussi régulièrement traversé par les militaires. Sans compter qu'un autre projet éolien a bien avancé sur une commune du Puy-de-Dôme toute proche… Face à cela, les opposants au projet de Feyt ont monté une association du nom d'« Agir pour le pays d'Eygurande ». Ses statuts (*) ont été déposés le 10 janvier autour de Claudie Boyer, présidente, d'Aurélien Chevallier, trésorier et de Patrick Boyer, secrétaire. Une quinzaine de personnes auraient déjà notifié leur intention d'adhérer.
« Nous ne sommes pas dans la violence ni contre les élus mais nous voulons informer la population », précise la présidente de l'association qui n'exclut pas de fédérer son action avec celle d'associations similaires du sud corrézien.
Face aux remous causés par le sujet au sein même du Conseil municipal de Feyt, le maire Bernard Rouge a suspendu le projet en attendant les résultats de l'étude et « pour ramener la paix sur la commune ». « Il faut avant tout savoir si c'est faisable ou pas », précise-t-il.
Un vrai débat sur les énergies renouvelables
Du côté de Laroche-près-Feyt, où le projet n'a pas été suspendu, on attend aussi la fin des études. « J'ai fait une réunion publique pour présenter le projet qui n'a pas soulevé de réaction particulière et je vais en faire une autre, commente Pierre Chevalier, maire de la commune, également président de la com'com'. Il est normal que la population s'interroge, ait besoin d'information. Après l'étude, il y aura une deuxième phase avec implantation des mâts pour voir si cela s'avère viable économiquement. Nous verrons ensuite selon l'enquête publique. Mais si ces éoliennes ne se font pas sur Feyt, cela ne doit pas remettre en cause le projet sur Laroche… Il faut reconnaître aussi que pour les deux communes cela ramène un financement non négligeable ainsi qu'à la com'com'. Quant aux énergies renouvelables, la France a pris du retard et un vrai débat de fond est nécessaire. »
(*) Ses objectifs : protéger et préserver l'environnement du pays d'Eygurande, de Corrèze et des départements limitrophes, sensibiliser et informer aux problèmes d'environnement, défendre l'identité culturelle des paysages et du patrimoine, les biens communs qui s'y rapportent, lutter contre les atteintes à cet environnement, prévenir la dégradation des ressources naturelles et patrimoniales et soutenir les projets durables, innovants et non destructeurs.
Magali Roche