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Flensburger Tageblatt | shz.de 2 janvier 2016 Allemagne

Un couple se plaint : « les éoliennes nous rendent malades. »

Une famille du nord de la Frise trouve à peine le repos - en raison des éoliennes à côté de leur maison. Une initiative de citoyens veut les aider.

Heimke et Pieter Hogeveen
Heimke et Pieter Hogeveen veulent au moins obtenir l'arrêt la nuit des 18 éoliennes proches de leur maison.

FAW remercie J. H. pour la traduction de cet article

18 éoliennes s’alignent dans un rayon d'environ un kilomètre autour de la maison de Heimke et Pieter Hogeveen. Plusieurs d'entre d’elles font 150 mètres de haut et la plus proche est à une distance de seulement 450 mètres. Cette dernière était à peine installée depuis 2 mois à l'automne 2013 que les deux physiothérapeutes des environs de Bredstedt pouvaient à peine dormir. « Comme un hamster dans sa roue, et cela toute la nuit », ainsi décrivent-ils leur sentiment.

L'énergie éolienne est l'une des ressources énergétiques les plus respectueuses de l'environnement. Cependant, beaucoup de gens ne veulent pas que les éoliennes soient érigées à proximité immédiate de leur maison - aussi pour des raisons esthétiques.

Les Hogeveen se considèrent comme des victimes d'infrasons des éoliennes. Certes ces sons interviennent dans des fréquences si basses que l'oreille humaine ne peut les entendre. Mais que le corps les perçoive comme une nuisance nocive pour la santé, les deux Frisons du Nord en sont convaincus.

« Pas insidieusement, mais tout d'un coup, je me suis écroulée », ainsi décrit Heimke Hogeveen comment sa santé a changé en raison des moulins à vent. « J’ai été une triathlète et hyper entrainée, et tout d'un coup, j’arrivais à peine à monter les escaliers au premier étage ». Car l'épuisement permanent par manque de sommeil n’était pas tout. Palpitations, accès de transpiration au repos, pression sur les poumons et une hémorragie intestinale, ce sont les symptômes apparus soudainement qu'énumère cette femme de 53 ans. Quant à son mari de 60 ans, ce sont des inflammations des yeux, des gencives et du cuir chevelu ainsi que des acouphènes.

Pendant deux mois, les Hogeveen ont essayé cinq endroits différents dans leur maison pour trouver plus de sommeil nocturne. Le terminus a été une cavité sous la terre. Il ne s’agit pas d’une cave habituelle. Les deux Frisons du Nord vivent dans l’ancienne station d’approvisionnement en eau du village Dörpum. Le couple a aménagé son ancien réservoir d'eau comme dernier refuge. Les parois de 40 centimètres d'épaisseur sont spécialement isolées et équipées à l'intérieur d'une couche de bois. Ils ont eux-mêmes abaissé le plafond, afin que le maximum de matériau absorbe aussi les ondes sonores redoutées venant d'en haut. « Nous nous sommes faits conseiller par cinq physiciens », explique Pieter Hogeveen.

Il ne considère cependant cet abri, comparable à un bunker, que comme un succès partiel. L’impact des rayonnements y est moins fort, mais n’a pas complètement disparu. En outre, on ne peut y passer toute la journée. La lumière naturelle y fait défaut et surtout les Hogeveen doivent continuer de faire tourner leur cabinet. L'ancienne station d’approvisionnement en eau est à la fois un lieu de vie et un lieu de travail. Par conséquent, la vente du bien immobilier est exclue. Surtout qu’aucun des deux ne croit qu'il est possible que quelqu'un puisse s’intéresser à la maison, compte tenu des nombreuses éoliennes.

Les deux enfants de 14 et 18 ans ont été mis en internat afin de protéger leur santé. Heimke Hogeveen a complètement changé de régime alimentaire. En dehors de légumes, elle ne mange plus de glucides - dans l'hypothèse que ce n’est que cela qui permet à ses organes de supporter le "stress oxydant", auquel elle se voit exposée en raison des infrasons. En plus elle fait des exercices d'endurance quotidiens sur le tapis roulant. « Les infrasons polarisent le corps sans cesse en mode actif et c'est seulement par le sport que l'on peut s’en débarrasser », explique la physiothérapeute. « Nous devons mener une vie de hamster disciplinée, juste pour survivre ». Les Hogeveen réclament au moins la nuit une interdiction d'exploitation des éoliennes dans leur quartier.

Plus les éoliennes sont hautes et plus leurs pales sont longues, plus le son descend dans les basses fréquences. Ceci est confirmé par l'autorité qui agrée les nouveaux rotors en Schleswig-Holstein : l'Office régional de l'Agriculture, de l'Environnement et des zones rurales. C’est pour cela que la présidente de Gegenwind (Vent contraire) SH, l’organisation-chapeau au niveau régional des opposants à l’éolien, Susanne Kirchhoff réclame : « la problématique des infrasons doit être beaucoup plus dans le focus de la politique et de l’administration. »

Une réforme de la directive technique de protection contre le bruit (TA Lärm) irait dans ce sens. Elle définit le seuil autorisé de bruit émis par une éolienne. Seulement la pression acoustique est mesurée de manière à imiter la perception du volume sonore par l'oreille humaine. Les fréquences audibles sont pondérées par rapport aux fréquences des infrasons inaudibles mais néanmoins présentes.

Kirchhoff demande d’augmenter les distances à 2 000 m minimum de tout bâtiment. Jusqu'à présent dans le Schleswig-Holstein, il y a une distance de 800 m des agglomérations et de 400 m des bâtiments isolés. Kirchhoff demande un moratoire sur les développements au moins jusqu'en 2017, c'est-à-dire un report contractuel ou légal de tout développement : car on attend à cette période les résultats de l'étude de l'État danois sur les infrasons, jusqu’ici la plus complète au niveau mondial. La plupart des communes au Danemark ont pour cette raison gelé leur développement éolien.

Le ministère de la transition énergétique et de l'environnement à Kiel a souligné quant à lui qu'« au vue des études actuelles, il n’y a aucune preuve d'infrasons en dessous du seuil de perception ». Les seuils pour les émissions de bruit dans la directive technique pour la protection contre le bruit (TA Lärm) sont donc jugées « jusqu’ici suffisantes ». Toutefois, le ministère souligne que les règlements s’alignent sur « des personnes normalement sensibles ».

Le Service régional de l'Agriculture, de l'Environnement et des Milieux ruraux (LLUR), qui doit approuver la construction d'éoliennes, le souligne. Concernant le son, il est donc « tout à fait possible que des gens sensibles se sentent déjà agressés, bien que la valeur indicative du bruit TA ne soit pas dépassée. » Toutefois, il n'y a aucune base juridique pour un droit à la protection au regard de cette disposition légale.

Le LLUR se réfère à une statistique fédérale : malgré plus de 10 000 éoliennes en Allemagne, il n’y a à ce jour finalement que 42 plaintes d’enregistrées en raison de bruits de basse fréquence. Pour 31 d'entre elles des mesures ont été effectuées - sans dépassement des seuils. Le LLUR ne considère pas que les éoliennes critiquées par les Hogeveen « provoquent dans la maison des infrasons dans le domaine du perceptible. »

Pour l'attester, l'Autorité vise d'effectuer ses propres mesures chez le couple de physiothérapeutes. Ceci a déjà été convenu entre les deux parties en mai 2014, dans un contexte de vent d’est relativement rare, parce que les rotors sont essentiellement situés à l'est de la maison. Le LLUR et les Hogeveen s’accusent mutuellement de ne pas avoir donné suite à plusieurs rendez-vous. L'Autorité ne reconnaît pas les mesures de deux experts mandatés par les Hogeveen, dont le TÜV -Nord. Rien ne prouve que lors de la mesure, tous les appareils électriques pouvant produire des sons n'aient été éteints dans la maison.

Par Frank Jung